El Walker avait pourtant juré de ne plus jamais remettre les pieds dans ce foutu patelin. Une promesse faite il y a quarante ans à son ex-femme sur son lit d'hôpital. Où elle luttait sans espoir de guérison contre un cancer. Un serment arraché pour protéger leur fils James. Qu'El avait déjà beaucoup fait souffrir. En lui tailladant par accident la joue avec une lame de rasoir, un soir où il était sous l'emprise de la drogue, laissant pour toujours une large cicatrice sur le visage de son enfant. En les abandonnant ensuite tous les deux alors que James n'avait que huit ans. Lui qui adorait son père ne s'en est jamais vraiment remis. 

   Mais aujourd'hui le revoilà à Plainview, dans l'Indiana. Pas de son propre chef, il faut le reconnaître. Car à aucun moment, pendant toutes ces années, il n'a envisagé de rompre l'engagement qu'il avait pris. C'est son vieux pote, Forrest Payne, qui est allé le chercher après plus de quarante ans d'exil. Au fin fond du pays. Pour lui demander de venir jouer sa chanson préférée à son mariage. Le cinquième. 

   Alors par amitié pour lui, El a cédé. Forrest lui ayant au début de sa carrière de joueur de blues toujours ouvert avec bienveillance les portes de son club. Il en profite d'ailleurs pour engager El à se produire plusieurs soirs de suite entre ses murs. Car ce retour ravit les aficionados de cette musique. Qui connaissent la réputation d'El dans le milieu. Guitariste et chanteur hors pair, les amateurs de blues sont prêts à faire du chemin pour venir l'applaudir. 

   El n'a pas d'autre objectif que de faire plaisir à son ami. Puis de repartir sillonner les routes. Sans chercher à déranger ni à revoir son fils. Mais le destin décide de s'en mêler. Odette, la femme de James, qui a appris la présence du père de son mari en ville, veut qu'enfin ils en profitent pour tenter d'exorciser ensemble ce passé douloureux. Et El, désormais âgé de quatre-vingts ans, se retrouve bien malgré lui cloué sur place suite à de graves problèmes de santé.

(Livre disponible chez Actes Sud au prix de 22,50 euros)

   C'est le temps de l'incertitude pour Ada. Elle qui jusque-là a  toujours vécu dans un cocon. Une bulle de protection qu'a érigée sa grand-mère autour de sa personne. Qui l'a recueillie lorsque, à trois ans, sa mère l'a abandonnée. Lui prodiguant un amour hors normes, la préservant des horreurs du monde et de la dureté de la vie. 

   Mais aujourd'hui, à vingt-sept ans, Ada doit prendre son destin en mains. Car sa grand-mère atteinte d'une leucémie est hospitalisée. Et les traitements en cours ne lui laissent que peu d'espoir. Alors Ada la veille tous les jours. Et l'enceinte médicale devient sa deuxième maison. 

   C'est d'ailleurs en son sein qu'elle rencontre Matteo, un matin à la cafétéria. Le début d'une belle romance tant les deux amants semblent se compléter. Giulia, une infirmière pleine de dévotion, l'aide également beaucoup à passer ce cap difficile. Elles deviennent même amies au fil du temps. Se racontant leurs joies, leurs peines, le déroulé de leurs journées. 

   Mais bientôt les nuages viennent définitivement assombrir le quotidien d'Ada. Sa grand-mère rend son dernier souffle. Et elle découvre que Matteo mène une double vie. Qu'elle le partage avec une autre femme. 

   Quand elle apprend que c'est Giulia sa concurrente et que Matteo et elle envisagent de se marier, le ciel lui tombe sur la tête. La forteresse construite par sa grand-mère vient de s'écrouler. Ada doit désormais voler de ses propres ailes et affronter un monde contre lequel elle est loin d'être préparée. 

(Livre disponible chez Albin Michel au prix de 21,50 euros)

   Patience Portefeux en a marre. Marre de jouer le jeu. De l'honnêteté, du travail, de la moralité. Assez de se conformer aux règles d'une société qui lui permet à peine de subsister. Elle qui a dû élever seule ses deux filles suite à la mort prématurée de son mari. Qui a trimé comme une folle pour qu'elles ne manquent de rien. Et qui doit désormais assumer les frais de la maison de retraite de sa mère. 

   Même une institution comme la justice se moque d'elle. Traductrice-interprète judiciaire, elle retranscrit en français des écoutes téléphoniques en langue arabe. On pourrait penser que c'est un bon métier, bien rémunéré. Sauf que le ministère de la justice la paye en grande partie au noir, sans sécurité d'emploi, sans cotisations salariales, et surtout sans retraite. Bref, un statut précaire au possible. 

   Alors, un jour, elle décide de sortir des clous. De saisir une opportunité qui se présente. Une cargaison de cannabis abandonnée à la hâte dans la Beauce par des dealers en fuite. Qui finissent en prison. Une marchandise d'une qualité remarquable qui trouvera preneur sans aucun souci. Grâce aux écoutes téléphoniques qu'elle traduit pour les stups, elle sait comment traiter l'affaire. A qui revendre, à quel prix, et dans quelles conditions. Il ne lui reste plus qu'à se lancer.

   Ses clients la surnomment "la daronne". Parce qu'une femme de cinquante ans qui s'installe sur le marché des stupéfiants, ce n'est pas banal. Le commerce de la daronne ne fait que commencer. Et il va vite s'avérer super florissant...

(Livre disponible chez Points/Policier au prix de 6,60 euros)

   Peut-on construire une vie de couple avec en toile de fond un drame du passé ? C'est ce que tente de réussir Ann depuis maintenant neuf ans auprès de Wade, son mari. Et même s'ils évitent d'évoquer la tragédie qui près d'une décennie plus tôt a mis fin brutalement au premier mariage de Wade, Ann ne peut s'empêcher en secret d'y penser régulièrement. 

   Surtout depuis qu'on a diagnostiqué à Wade la même maladie qui a emporté son père à l'approche de la cinquantaine. Des crises de démence qui lui font oublier des parties importantes de ses souvenirs. Un effacement progressif de la mémoire. Un émiettement inéluctable de son passé. 

   Au point de voir le brouillard recouvrir aussi ce tragique jour de l'été 1995. Où, partis en montagne pour ramasser du bois avec Jenny son épouse, et ses deux filles June et May, le malheur l'a terrassé. Sans qu'on sache aujourd'hui encore pourquoi, en cette belle journée d'août et sans signes précurseurs, Jenny a tué May à coups de hachette, provoquant la fuite de June dans la nature et le désespoir de wade. 

   Jenny qui a refusé de se défendre au tribunal a été condamnée à la prison à vie. May a été enterrée, June n'a jamais été retrouvée et demeure une enfant disparue, Wade a chassé son chagrin dans les bras d'Ann qui était alors son professeur de piano. 

   Alors que les faits et ses conséquences s'estompent dans la tête de wade, Ann n'a jamais été autant en quête de réponses. Au point que cela devient une véritable obsession. Progressivement, elle va chercher à comprendre ce qui s'est passé et à reconstituer l'histoire de cette famille, de Wade, et de leur tragédie. 

(Livre disponible chez Gallmeister au prix de 23,50 euros)