• "LE CASTOR" de Mohammed Hasan Alwan

       Mais qu'arrive-t-il donc à Ghaleb ? Est-il en train de faire sa crise de la quarantaine ? Difficile de le dire tant, depuis sa naissance, sa vie semble à des années-lumière de ses aspirations.

       Ses parents ont divorcé quelques jours après sa venue au monde. Il s'est donc souvent senti écartelé entre ses deux géniteurs. Une mère tyrannique, et un père biologique qui a toujours eu pour lui le plus profond dédain. Si on ajoute à cela des études ratées, une carrière professionnelle inexistante, et un grand amour qui a choisi, pour des raisons de position sociale, d'en épouser un autre, on comprendra aisément son malaise perpétuel. Et son envie d'ailleurs.

       Il quitte sa ville, Riyad, et son pays, l'Arabie Saoudite, direction Portland et les Etats-Unis. Une destination aux antipodes pour quelqu'un qui vient d'une ville entourée par le désert, et qui se retrouve du jour au lendemain, dans la pluvieuse capitale de l'Oregon.

       Pourtant, un début d'apaisement touche Ghaleb. Les soirées barbecue avec son voisin, qui devient au fil du temps un ami fidèle, sont d'un précieux réconfort. Et de furtives amantes fleurissent quelques-unes de ses nuits. Mais c'est surtout depuis qu'il passe ses journées au bord de la rivière Willamette à pêcher et à repenser, au calme, aux affres de son existence, que la paix et la sérénité s'installent. Et cet éloignement des siens et de sa terre natale lui semble salvateur.

       C'est que même les castors qui vivent dans l'eau sont conciliants avec lui. Et c'est en les regardant vivre en petite société qu'il comprend paradoxalement certains problèmes liés à sa famille et à son mode de vie.

       Sa mère l'exhorte à revenir au pays. Son père n'en pense pas moins. Mais lui semble voir en Portland, la possibilité de plus en plus concrète d'un nouveau départ.

    (Livre disponible chez Seuil au prix de 22 euros)