• "LE DERNIER GARDIEN D'ELLIS ISLAND" de Gaëlle Josse

       Il lui reste neuf jours. Un peu plus d'une semaine pour avoir le droit d'arpenter encore, pour quelques précieux instants, ce lieu qui fut le sien pendant près de quarante-cinq années. Les murs ont vieilli, les salles se sont progressivement vidées de leurs occupants, les bâtiments se sont délabrés sous le coup d'un abandon délibéré.

       Nous sommes en 1954, et Ellis Island qui vit passer douze millions d'immigrants va fermer définitivement ses portes. Elle qui symbolisa pour tous ces arrivants, pour la plupart européens, le rêve d'une nouvelle existence, d'une terre promise nommée Amérique.

       Alors John Mitchell, son directeur, dernier témoin de cette époque, erre dans les locaux, et couche sur papier l'histoire de ces décennies et ses propres souvenirs.

       Son arrivée en tant que simple employé puis son ascension jusqu'à la direction du centre. La déferlante des bateaux chargés d'êtres humains fuyant dans leurs pays la misère, la répression ou la pauvreté. Son amour pour Liz, infirmière, qu'il épouse mais a la douleur de perdre des suites d'une maladie. Ces mêmes maladies qui interdisent parfois l'accès au sol américain des migrants refoulés. Brisent l'espoir de malheureux privés d'un nouveau départ. Sa passion pour Nella, l'immigrante sarde. Sa fascination pour Lazzarini, l'anarchiste napolitain. Son refus de laisser entrer Kovacs, le dissident hongrois, aux Etats-Unis. Trop communiste aux yeux de l'administration américaine et qui, exilé par la suite au Brésil, deviendra un écrivain reconnu.

       Les joies vécues, les souffrances endurées, les regrets éternels.

       Neuf jours. Il ne lui reste que neuf jours pour solder ce passé.

    (Livre disponible chez Notabilia au prix de 14 euros)