•    En ce quinze février, jour anniversaire de ses trente-six ans, Mortimer Decime attend patiemment que la mort vienne le chercher.

       Il faut dire qu'une terrible malédiction frappe depuis des lustres tous les hommes de sa famille. A onze heures précises comme avant lui son père, son grand-père, et toute une lignée d'aïeux mâles, il doit décéder après trois décennies et demi de vie. Il ne peut y échapper. C'est ainsi.

       Alors, allongé sur son lit, majesteusement attifé d'un costume mortuaire, il attend ce rendez-vous fatal avec la grande faucheuse. Sauf que celle-ci ne vient pas. Et qu'il est bien vivant le lendemain, le surlendemain, dix jours plus tard.

       Impossible ! Aucun homme de sa fratrie n'a survécu avant lui à la date fatidique !

       On ne peut même pas dire qu'il en est heureux. Il est plutôt surpris, affolé, paniqué. Pourquoi a-t-il échappé au sort tragique des Decime ? Lui qui a refusé d'avoir un fils pour ne pas perpétuer cette funeste tradition. Qui a vendu son appartement, sa voiture, soldé son compte bancaire, démissionné de son travail, sûr et certain que sa dernière heure était venue. Et qui a laissé partir au loin celle qu'il a passionnément aimée. Jasmine, depuis trop longtemps exilée à New-York. Lui qui a refusé de se construire un avenir, puisque d'avenir, il n'y en avait point.

       Heureusement, Paquita et Nassardine sont là. Eux qui le considèrent comme un fils, l'enfant qu'ils n'ont jamais eue. C'est qu'il va falloir rapprendre à vivre. A faire des projets. Ce qui parait plus facile à dire qu'à faire. Surtout quand on a l'impression d'être un survivant, un rescapé.

    (Livre disponible chez Rouergue au prix de 20 euros)


  •    C'est la saison des vendanges. Comme chaque année, Octave et Andréas attendent les saisonniers qui vont les aider à récolter les grappes de raisins arrivées à maturité.

       Propriétaires de vignes qui leur assurent une confortable existence, ils restent l'un et l'autre meurtris par un drame qui les a touchés dix ans plus tôt. Victimes d'un terrible accident de voiture, ils ont vu mourir sous leurs yeux Laure, la femme qu'ils aimaient tous les deux. Depuis, sa disparition les hante. Andréas ne sort plus de ses appartements. Octave en a gardé des séquelles corporelles traumatisantes.

       Alors, lorsqu'ils voient débarquer Camille dans l'enceinte de leur domaine, une jeune femme au physique troublant, proche de celui de la chère disparue, le douloureux passé remonte à la surface. Andréas continue de se terrer en proie à une agitation redoublée. Octave éprouve au contraire le besoin de rencontrer Camille, de lui parler, de la toucher. Il cède à toutes les audaces pour se trouver régulièrement dans le périmètre de la jeune femme. Ce qui n'est pas du goût de son frère Malo, qui surprotège Camille.

       Malgré lui, l'attirance devient peu à peu réciproque. Et Octave et Camille se rapprochent inévitablement. Malo met en garde Octave. S'il persiste à vouloir séduire Camille, il aura affaire à lui. Mais il disparait du jour au lendemain.

       Personne ne s'en offusque car Malo a la réputation d'être un personnage fantasque. Sauf Camille qui sent que quelque chose ne tourne décidément pas rond, en dépit de la quiétude des lieux.

    (Livre disponible chez Denoël au prix de 18 euros)


  •    Guillaume n'est décidément pas un chien comme les autres, lui qui porte déjà un nom peu commun pour un animal de son espèce.

       Il voue une fidélité indéfectible à son maître qu'il a suivi sur les champs de bataille. Ceux de la guerre de 14-18. Récoltant au passage balafres et claudication. Il a même permis à celui-ci de gagner la plus prestigieuse des décorations, la légion d'honneur, pour acte de bravoure. Enfin, il le veille jours et nuits depuis qu'il est emprisonné dans une petite ville du Berry pour outrage à la nation. Il manifeste sa présence en aboyant durablement et en faisant le pied de grue devant la place de la prison. Quitte à y laisser ses dernières forces.

       S'il le pouvait, il tenterait assurément de faire évader le caporal Morlac. Ou rendrait de suite sa liberté à ce héros de guerre en abandonnant les charges qui pèsent contre lui.

       C'est ce que pense le commandant Lantier, chargé de juger cette affaire. Grave. Car lors des commémorations du 14 juillet 1919, Morlac a perturbé la manifestation en prenant à partie les officiels et en passant autour du cou de Guillaume sa légion d'honneur. Il a également tenu des propos antimilitaristes et harangué la foule à boycotter ce type de cérémonie.

       Tout le monde a bien ri, moins les autorités présentes ce jour-là.

       Lantier enquête, interroge, écoute.

       Qu'est-ce-qui a pu pousser Morlac à agir ainsi ? Le traumatisme de la guerre ? Une conscience politique ? Une volonté d'épater la galerie ?

       Et si l'amour qu'il porte à Valentine et dont il a eu un enfant était la clé de tout ?

    (Livre disponible chez Gallimard au prix de 15,90 euros)

      


  •    Carlos a décidé d'aller camper avec son fils Jorge pendant un long week-end dans les montagnes du Guadarrama.

       Au delà  de l'intérêt de l'aventure, c'est surtout pour lui le prétexte pour passer un moment de partage avec son enfant. Et essayer de renforcer des liens qui se sont distendus depuis quelques années et son divorce d'avec Carmen, la mère de Jorge. Il y a sept ans, la séparation s'était mal passée. Carlos n'avait obtenu qu'un droit de visite limité. Et même si les choses se sont entre-temps améliorées, Carlos et Jorge en ont toujours gardé une certaine distance, une méfiance réciproque.

       Carlos a aussi pour but d'endurcir un peu son fils en le confrontant à l'âpreté de la nature. Il le considère trop proche de sa mère, pas assez indépendant, pas assez mature.

       Après quelques hésitations et un peu d'anxiété, Carmen accepte ce moment père-fils. Mais alors qu'elle erre dans son appartement, elle trouve le manuscrit d'un livre que lui a laissé Carlos. Avec un mot lui demandant de le lire attentivement. C'est un polar violent qui parle d'enlèvement.

       Carmen, éditrice de profession, y voit des similitudes avec son existence, celle de son fils. Dans la trame de l'histoire, dans le caractère des personnages.

       Et si Carlos n'avait pas que des intentions pacifiques en emmenant Jorge au fin fond de la forêt ? Et s'il cherchait une vengeance tardive pour des faits pourtant prescrits ?

       Un long week-end d'angoisse commence...

    (Livre disponible chez Métailié/Noir au prix de 18 euros)


  •    Montréal, Jeux Olympiques de 1976. C'est ici et maintenant que Nadia Comaneci va bâtir sa légende. Et éblouir le monde. Car auparavant, aucune gymnaste avant elle n'avait obtenu la note maximale de dix à une épreuve. Or, ce n'est pas une mais plusieurs fois qu'elle réussit cet exploit. Et rien ne lui résiste car elle est irrésistible. Poutre, barres asymétriques, concours général, elle se pare d'or à chaque apparition ne laissant à ses adversaires que les miettes de son talent.

       Les hommes tombent amoureux d'une gamine de quatorze ans au charme, à l'élégance et à la grâce inouïs. Les petites filles du monde entier ne rêvent que d'imiter cette petite roumaine venue de nulle part. D'un pays qui en tout cas apparaît subitement à la une de toutes les télévisions du monde. Et qui fête son héroïne à son retour.

       Elle est de toutes les réceptions officielles. Les chefs d'Etat étrangers de passage en Roumanie demandent à la rencontrer. Des cartes postales à son effigie inondent le pays.

       Mais bientôt il faut se remettre au travail car de nouvelles compétitions approchent. Et le pouvoir roumain, conscient du poids politique de cette réussite, en demande toujours plus. C'est que Nicolae Ceaucescu se verrait bien en interlocuteur incontournable dans la guerre froide que se livre les deux superpuissances.

       Pour autant tout n'est pas rose pour Nadia. Son corps commence à se transformer, et la frêle adolescente devient peu à peu une femme aux formes prononcées. Sa notoriété toujours plus grandissante agace le numéro un du régime, peu enclin à laisser quelqu'un d'autre lui faire de l'ombre. Et les Russes, qui organisent les JO à Moscou en 1980, n'ont pas l'intention de se faire battre à plate couture une seconde fois !

    (Livre disponible chez Actes Sud au prix de 21 euros)

      





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