•    Cela fait quinze ans que chaque matin Guylain se rend, la mort dans l'âme, embaucher à la Stern pour une nouvelle journée de travail. Là, il retrouve la machine sur laquelle il passe ses journées et qui souvent hante ses cauchemars. La Zerstor 500. Un mastodonte d'acier de près de onze tonnes qui réduit les livres invendus à l'état de pâte à papier informe.

       Lui, l'amoureux des mots, des belles lettres, doit se résoudre à endurer cette destruction massive, ce carnage programmé des objets qu'il chérit le plus au monde. Tout cela sous les yeux d'un patron inflexible qui se moque bien des ouvrages envoyés au pilon et qui ne pense qu'à la bonne santé de son chiffre d'affaires.

       Alors pour égayer un quotidien bien maussade, mettre des couleurs sur une existence si terne, Guylain a trouvé une jolie thérapie.

       Chaque jour, en cachette, il prélève quelques pages que le monstre broyeur n'a pas totalement anéanties et a presque recrachées en l'état. Il les fait sécher dans son modeste appartement et les lit à haute voix le lendemain matin dans le RER. Dans la rame de 6h27, sous le regard bienveillant des passagers. Dont certains deviennent des habitués et attendent ses prestations avec impatience.

       Ainsi au hasard de ce qu'il a pu sauver la veille, il arrive qu'une recette de cuisine côtoie le dénouement d'un roman policier, qui lui-même peut être suivi d'un récit de voyage, auquel il n'est pas rare que succèdent les lignes d'un poème étranger.

       Un matin, il découvre à la place qu'il occupe habituellement dans le wagon pour ses lectures publiques une clé usb. Elle va l'emmener dans une aventure qu'il n'avait pas pensé vivre un jour.

    (Livre disponible chez Au Diable Vauvert au prix de 16 euros)


  •    Le bateau dans lequel Coyle a pris place s'éloigne des côtes irlandaises. Il n'a pas d'autre choix que de fuir sa terre natale. Laissant derrière lui son épouse, de nouveau enceinte, et sa petite fille. C'est un vrai crève-coeur d'autant qu'il ne sait pas quand il les reverra. Ni si ce jour arrivera.

       Car il est devenu bien malgré lui un meurtrier. De l'héritier de l'exploitation agricole dont il était un des métayers. Expulsé sans ménagement avec sa famille des terres qu'il cultivait avec honnêteté et abnégation, il est allé demander des comptes à son jeune maître. Mais la rencontre s'est mal passée. Hamilton a refusé de s'expliquer et lui a réitéré son désir de le voir partir.

       Alors Coyle s'est énervé. D'un geste maladroit, il a bousculé le jeune homme, qui, tombant à la renverse, s'est brutalement cogné la tête sur un rocher, décédant sur le coup. Pris de panique, Coyle s'est caché dans la forêt puis chez un ami.

       C'est qu'en ce milieu du dix-neuvième siècle en Irlande, la justice est souvent expéditive et les gros propriétaires terriens ont pratiquement tous les droits.

       La preuve, en revenant sur ses pas, il constate qu'on a brûlé sa ferme. Sa femme et sa fille se sont réfugiées chez son frère qui lui, a été battu. Surtout, il apprend qu'on a lancé à ses trousses le redoutable John Faller. Contremaître impitoyable et violent du domaine qui a juré de le rattraper et de le tuer.

       Alors pour tenter d'échapper à cette chasse à l'homme perdue d'avance, son seul salut passe par l'exil en Amérique.

    (Livre disponible chez Albin Michel au prix de 20 euros)


  •    Qui n'a pas entendu parler de la légendaire quiétude de la campagne anglaise ?

       Pourtant à Dynmouth, petite bourgade portuaire de 4200 âmes, cet adage est depuis un certain temps sérieusement malmené. Par un sale gamin qui ne ménage pas sa peine pour en faire voir de toutes les couleurs à ses paisibles voisins.

       C'est que du haut de ses quatorze ans, Timothy Gedge n'a pas son pareil pour épier et espionner tout ce qui bouge autour de lui. Et pour le rapporter ensuite aux intéressés eux-mêmes ou à toutes les bonnes oreilles qui traînent sur son chemin. Quitte à déformer la réalité ou à arranger les faits à sa manière quand cela peut servir ses intérêts.

       Il raconte ainsi que celui-ci, pourtant marié, est attiré par les jeunes garçons, que celui-là est un coureur de jupons au palmarès déjà conséquent, que cet autre a probablement fait disparaître sa première épouse pour pouvoir sans soucis convoler à nouveau.

       Le démon se cacherait-il en lui comme semblent le penser certains habitants ? Lui qui harcèle également le pasteur Featherston en le dérangeant constamment pour un oui ou pour un non au presbytère, ou en assistant au cimetière à presque tous les enterrements. Que cherche t-il par ses méfaits qui bouleversent et perturbent la tranquilité de cette charmante communauté ?

       Est-ce seulement pour obtenir des uns et des autres les accessoires dont il a besoin pour participer au concours, Les talents de demain, organisé pendant la kermesse de Pâques ? Ou un secret plus ancien le concernant n'est-il pas à la base de ce comportement si terrifiant ?

    (Livre disponible chez Phébus au prix de 20 euros)


  •    Qu'est-ce-qu'on leur fait aux juifs quand on les arrête ?

       C'est la question que se pose inlassablement Natalie de Sorrente quand elle apprend, à la mort de sa mère Elisabeth, que du sang que les temps considèrent impur coule dans ses veines.

       C'est que jusqu'à cette révélation, le sort de ce peuple opprimé ne l'avait, comme tant d'autres, que fort peu intéressée. Tout occupée qu'elle était à pester contre cette sale guerre qui bouleverse son quotidien et celui de l'aristocratie française dont elle est une des plus belles représentantes.

       Elle passe son temps entre Cannes et Paris. Mais l'ennui dans le sud de la France la submerge, et à Paris les somptueuses réceptions d'avant-guerre se tarissent.

       On arrive quand-même dans ces milieux-là grâce à l'argent et aux relations à contourner les restrictions et à faire fleurir le marché noir. Mais souvent le coeur n'y est pas. Et Natalie a de plus en plus recours à la morphine pour supporter des jours sans saveur.

       Alors quand la vérité sur ses origines apparaît, que ses soeurs lui révèlent l'infidélité de leur mère, et qu'elle prend conscience que de naissance elle n'est pas de cette lignée prestigieuse qu'elle croyait incarner, elle sombre de plus en plus dans le chaos.

       Et le drame que vit la communauté juive à laquelle elle s'identifie désormais lui pèse.

       Oui, que fait-on aux juifs quand on les arrête ?

    (Livre disponible chez Grasset au prix de 18 euros)


  •    Zeno est un petit bonhomme d'une douzaine d'années qui adore aller pêcher avec son père. Souvent, tôt le matin, alors que le chaud soleil sicilien ne s'est pas encore abattu sur les têtes, ils aiment prendre leur matériel et se retrouver tous les deux sur le lac qui borde les environs de leur village, Capo Galilea.

       Mais ce matin-là, rien ne se passe comme d'habitude. Vittorio, son père, fait un malaise. Zeno le ramène tant bien que mal sur la terre ferme et prévient les secours. Après le transport en ambulance et les examens à l'hôpital, le diagnostic tombe. Son père est atteint d'une leucémie. A un stade avancé.

       Pour le soigner, ils vont devoir ses parents et lui partir pour Gênes pendant tout l'été. Dans le nord du pays, à plus de mille cinq cents kilomètres de là. Autant dire à l'autre bout du monde pour un gamin comme Zeno qui n'a jamais quitté son île.

       Sur place, le problème qui se pose à eux est l'hébergement. L'hôpital accepte qu'Agata, sa mère, loge au sein de l'établissement. Mais les enfants y sont strictement interdits. Par obligation, Zeno n'a pas d'autre choix que d'aller habiter quelque temps chez son grand-père, à Colle Ferro, petit hameau à une centaine de kilomètres de Gênes.

       C'est une surprise totale pour lui. C'est que dans l'histoire familiale, il n'y a jamais eu de grand-père maternel. Celui-ci étant mort et enterré depuis bien longtemps sans que personne n'évoque jamais son souvenir. Alors le voir là, pour la première fois, en chair et en os, désarçonne Zeno.

       Après toutes ces années de silence et d'absence, ils vont devoir l'un et l'autre apprendre à se connaître, s'apprivoiser, tenter peut-être de s'aimer.

    (Livre disponible chez Albin Michel au prix de 21,50 euros)





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