•   Nous sommes en 1983. Cela fait deux ans que François Mitterrand a été élu à la Présidence de la République. C'est le moment qu'il choisit pour lancer sa politique des grands travaux. Censée faire rayonner Paris, la ville lumière, encore un peu plus au firmament des plus belles métropoles du monde. Les chantiers se multiplient. La Pyramide du Louvre, l'Opéra Bastille, le ministère de l'économie et des finances à Bercy, sortent ainsi progressivement de terre. 

       Et, après de multiples tergiversations sous la mandature précédente, on décide enfin de s'occuper du monument qui ornera le parvis du quartier d'affaires de La Défense. 

       Un concours international d'architecture est donc lancé. Un peu plus de quatre-cents dossiers se retrouvent sur la table du jury. Et après avoir pris connaissance des quatre finalistes, le Président arrête son choix. C'est le projet de Johan Otto von Spreckelsen, un architecte danois inconnu du grand public et de la profession, qui est retenu. Son idée de cube constitué de marbre et de verre laissant passer en son centre l'air et la lumière a séduit. C'est le temps de l'euphorie et de l'enthousiasme. 

       Mais très vite les premières difficultés apparaissent. Les divergences de point de vue entre l'architecte et ceux chargés de construire l'ouvrage sont légion. Et les contraintes techniques nombreuses. Spreckelsen vit comme une trahison l'abandon en cours de route d'une partie de son projet, jugée irréalisable pour certains, trop onéreuse pour d'autres. Les atermoiements et les menaces qui pèsent sur l'édifice, nés du changement de majorité politique aux élections législatives de 1986 et de l'instauration de la cohabitation, finissent par le lasser. 

       A la stupeur générale, il décide de démissionner et de rentrer définitivement chez lui à Copenhague. Laissant les Français achever la Grande Arche sans lui et comme ils l'entendent. 

    (Livre disponible chez Folio au prix de 7,70 euros)


  •     Dans un petit village du sud de la France, il est un maire qui a une folle ambition. Recréer et réintroduire dans sa région une bête préhistorique, l'aurochs, que les hommes des cavernes ont célébré et que des scientifiques du vingtième siècle ont déjà tenté de ressusciter. 

       Marnas pourrait alors passer à la postérité, lui qui possède déjà un musée d'un genre un peu particulier. Où des taxidermistes ont immortalisé des dizaines d 'espèces mais aussi des êtres humains. Représentés en catégories socio-professionnelles. Ce qui provoque souvent la stupeur et la gène chez les visiteurs extérieurs. Mais qui suscite la fierté des habitants du bourg. 

       Et comme le premier magistrat de Marnas n'est jamais à court d'idées, il souhaite désormais faire écrire l'histoire de cet animal mythique par une romancière venue de Paris. Qui participe dans la région à un festival littéraire autour de rencontres dans des campings. 

       Il réussit à la convaincre de s'atteler au projet. Elle qui pourtant au départ était plutôt réticente face à cette proposition. Elle en arrive même à se passionner pour l'animal. Et se dit qu'elle pourrait bien écrire là son meilleur livre. 

       Mais petit à petit, sous couvert d'une grande liberté, elle se rend compte qu'on la retient prisonnière. On l'isole pour rédiger son oeuvre dans une maison éloignée de tout. Où le téléphone ne passe pas. Les routes ne mènent nulle part. Où ses hôtes, un muet et une cuisinière peu loquace, ne peuvent la renseigner et ne sont là que pour les tâches ménagères. 

       Elle bascule alors entre des phases d'euphorie, comme lorsqu'on lui montre enfin un élevage d'aurochs, et des moments de grand désespoir. Se demandant surtout comment tout cela va finir. Et ce qu'on prévoit pour elle une fois qu'elle aura achevé sa mission.

    (Livre disponible chez Rivages au prix de 18 euros)


  •    Trois mille euros. C'est une somme qui peut paraître anodine aux yeux de certains, mais qui bouleverse le quotidien d'Anton et de Denise.

       Anton parce que c'est la dette dont il doit s'acquitter auprès d'un établissement bancaire. Denise par ce que c'est le prix d'un salaire qu'on lui doit. Pour une prestation qu'elle a effectuée. Dans un porno amateur. Anton se retrouve assigné au tribunal car il ne peut rembourser ses impayés. Denise quant à elle se bat seule pour réclamer son dû que tardent à lui verser des gens peu scrupuleux. 

       C'est que pour l'un comme pour l'autre, il y a urgence.

       Pour Anton, trouver ces trois mille euros pourrait lui permettre de stopper définitivement la procédure judiciaire à son encontre. De repartir également sur de bonnes bases. Lui qui a tout perdu. Son boulot de chauffeur de taxi, son appartement, et qui tue le temps dont il dispose désormais à satiété entre les bars, la rue, le centre d'hébergement qui l'a recueilli. 

       Denise parce que cette somme lui permettrait de faire soigner plus efficacement sa petite fille Linda. Qui doit se rendre plusieurs fois par semaine chez un ergothérapeute. Censé l'aider à rattraper le retard comportemental qu'elle affiche par rapport aux autres enfants de son âge.

       Ces deux cabossés de la vie se rencontrent à la caisse du supermarché où Denise travaille. Et sans que cela relève du coup de foudre, ils se sentent attirés l'un vers l'autre. Lui le nouveau vagabond accro à l'alcool, et elle la mère célibataire qui vend son corps pour s'en sortir. 

       Peut-on encore éprouver ou partager des sentiments envers quelqu'un quand la vie vous a déjà, si jeune, à ce point maltraités ?

    (Livre disponible chez Métailié au prix de 18 euros)

       

     

       

       


  •     Montespieux-sur-la-Dourde était jusque-là un petit village sans histoires. Situé à quelques kilomètres de Lille, il était surtout connu pour fournir de la main-d'oeuvre aux trois grosses usines du coin. Un ciel gris permanent, des fumées persistantes rejetées par les employeurs du cru, un lac pollué par cette activité industrielle, bref un décor loin d'être glamour. 

       Qui devient désormais le lieu d'un crime horrible perpétré ce lundi 19 mars 2001. Où le petit Romain Barral, huit ans, est retrouvé sans vie dans un ravin, assassiné à coups de herminette, une hachette souvent utilisée en menuiserie. Un indice qui conduit la police sur les traces d'Yvan Gourlet, jeune homme de seize ans, apprenti-menuisier dans un établissement d'enseignement supérieur, et qui se trouvait ce soir-là proche de la scène du crime.  

       Arrêté, placé en garde à vue, Yvan craque après quarante-huit heures d'humiliations et de brimades. Il avoue être le meurtrier du petit garçon. Qui avec son grand frère Bruno se moquait souvent de lui et lui jetait des cailloux sur son passage. 

       Sauf que ces aveux sont obtenus sous la contrainte. De Grochard, un flic lillois violent et peu scrupuleux. Qui veut au plus vite fournir un coupable à la justice. Or Yvan est une proie facile, une victime parfaite. Car il s'est toujours dévalorisé aux yeux du monde. Laid, il a accepté jour après jour d'être insulté, frappé, isolé. D'être constamment montré du doigt. 

       Alors, parce qu'il n'ose pas dénoncer, dire ce qu'on lui a fait subir lors de son interrogatoire, il se retrouve condamné par la cour d'assises à la perpétuité. Son avocat ne veut pas faire appel de la décision et le lâche après le procès. Ses parents non plus qui peinent à la soutenir. 

       C'est finalement Sylvain, un autre détenu devenu au fil du temps son ami, qui le persuade enfin de parler. Et de contacter sa propre avocate, maître Soulerse, afin de l'aider à prouver son innocence.

    (Livre disponible chez Albin Michel au prix de 18 euros)


  •     Luce Lemay est désormais libre. Il a fini de purger sa peine d'emprisonnement de trois ans au pénitencier de Pontiac dans l'Illinois. Et le voilà de retour chez lui dans la petite ville de La Harpie, près de Chicago. Bien décidé à laisser tout cela derrière lui. Et à s'offrir une seconde chance. D'autant qu'on lui a déjà promis un travail. Dans une station-service. Et que son ami Junior Breen, un ancien prisonnier comme lui, l'attend avec impatience. Et même s'il doit loger dans un hôtel minable tenu par une femme acariâtre, que certains habitants le regardent avec méfiance, ces premiers jours de liberté, bien que monotones, se déroulent sans encombres. 

       Mais c'est sans compter sur la propension de Luce à se mettre de lui-même dans le pétrin. Car lorsqu'il tombe amoureux de la jolie Charlène, soeur de l'une de ses ex, les ennuis déboulent. Et ce passé qu'il cherche à mettre en sommeil resurgit de plus belle. 

       C'est que le père de Charlène n'a pas oublié la relation tumultueuse de Luce avec l'une de ses filles. Qui s'est retrouvé un peu plus tard à l'hôpital psychiatrique. Et bien qu'il n'y fut pour rien à l'époque, leur aventure étant terminé depuis longtemps, on l'en a toujours tenu pour responsable. Petit à petit, on se remémore aussi l'histoire qui l'a conduit au trou. Ce jour où il a perdu le contrôle de son véhicule et qu'il a renversé un landau dans lequel un bébé dormait. Et qui n'a pas survécu au choc. 

       Ajoutés à cela un gars du coin qui a des vues sur Charlène, et un ex-taulard qui vient le relancer pour se venger, et la situation de Luce dans son patelin natal devient vite intenable. 

       Surtout quand on commence à s'en prendre physiquement à lui.

    (Livre disponible chez Agullo au prix de 21,50 euros)





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